Claude Brumachon et Benjamin Lamarche : la création en quatre périodes
L’innocence de 1981 à 1988
Recherche et découverte. Période initiatique, ils explorent à tout va, l’improvisation mène à l’écriture. L’écriture apparaît de manière sporadique. Le geste s’invente, inachevé, jeté encore indéfini. Toutes les créations portent un nom d’oiseau.
La reconnaissance de 1989 à 2001
La marque d’une gestuelle où leur danse fait sens et éclate aux yeux du public. Texane en est le fer de lance. Le geste se reconnaît. Suivent des créations puissantes et terriennes. Des fresques qui puisent dans l’histoire, miroir déformant de notre époque. Ils naviguent entre narration et concept.
La maturité de 2001 à 2012
Des pièces éclatées, d’un seul coup l’écriture prends son espace hors théâtre et sur scène, le public est déplacé, le corps et le corps à corps sont le centre de leurs investigations dans des danses d’élan et d’énergie. La troupe s’élargit avec trois créations pour 18 danseurs.
Continuer la route jusqu’à aujourd’hui
Ne rien prouver, être au cœur de sa danse et la partager. Les créations atypiques prennent forme dans des directions autres. L’exploration toujours et encore. L’œuvre étale ses tentacules au présent ou nostalgique. Narratives ou divergentes, la mémoire et la trace nourrissent l’acte créatif. La parole s’invite dans la danse : clown, chanteurs, comédiens sont invités dans leurs inventions.
Claude Brumachon et Benjamin Lamarche Une vie à danser
Après une formation aux cours du soir des Beaux-Arts de Rouen, Claude Brumachon découvre la danse. Il trouve son premier grand engagement aux Ballets de la Cité de Rouen en 1978 où il reste pendant deux ans, puis travaille avec plusieurs chorégraphes. En 1980, il commence ses recherches avec Benjamin Lamarche qui deviendra son interprète privilégié et complice de toutes ses créations. Dès cette époque, il compose ses premières pièces chorégraphiques, “Niverolles Duo du Col” (1982), “Il y a engoulevents sur la branche d’à côté” (1983). Il participe au concours de Bagnolet avec “Atterrissages de corneilles sur l’autoroute du sud“ qui remporte trois prix.
La compagnie “Les Rixes” est fondée officiellement en 1984. En quatre ans, le chorégraphe crée dix pièces dont deux majeures en 1988 : “Texane” (également primée au concours de Bagnolet) et “Le Piédestal des Vierges” qui imposent leur style à une gestuelle reconnaissable. Elle enchaîne rapidement des séquences de mouvements tranchés, acérés, découpant le corps et l’espace. La réputation du chorégraphe s’installe. En 1989 émerge “Folie”, de nouveau un très grand succès. Sa danse est d’une étonnante virtuosité, poussant à son apogée les prouesses techniques de chaque danseur pour mieux exprimer une émotion, un état. Scènes de désirs ou de souffrance, de violence et de sensualité, ses pièces sont des récits de l’indicible, des miroirs de mondes intérieurs déchaînés, poussés jusqu’au bout de leur loi.
Chaque jour, sans cesse à l‘écoute des différences, à chaque moment alertes et vigilants, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, se font chercheurs de mouvements poétiques et énergiques. Ils créent une danse tour à tour énergique et tourmentée, lyrique et passionnée, élevée et romantique puis terrestre et lourde de sens.
Des errances de Molière, ils font avec “Histoire d’Argan le visionnaire” (2007) un spectacle lumineux et facétieux en hommage à l’artiste. De la société de consommation, ils font un “Festin” (2004) charnel et sensuel où la proximité éclate au visage du spectateur. Avec “Phobos” (2007), ils s’aventurent dans les peurs irrationnelles et universelles.
En janvier 2012, ils créent “Ashbury St”, chorégraphie pour 14 danseurs, inspirée du mouvement hippie et qui rend compte de l’état de corps dans lequel l’être est face aux injustices. La même année, ils continuent leur travail de création, “La Traversée”, avec un groupe d’adolescents en situation de handicap du collège de La Durantière de Nantes. Un travail soutenu depuis 2009 par l’APAJH 44 (Association Pour Adultes et Jeunes Handicapés de Loire-Atlantique) lors de la création “Les Explorateurs de Temps”.
En septembre 2012, ils créent au festival “Le Temps d’Aimer la Danse” de Biarritz, d’Indicibles Violences, pièce volcanique et tribale mettant en scène huit danseurs dans l’instant, états de corps Nature.
Claude Brumachon et Benjamin Lamarche créent à partir du corps pour le corps avec le corps. Leurs danses sont autant d’histoires de groupes qui se partagent l’espace de vie, que de solitude face au monde. Une recherche autour d’un geste irrationnel qu’ils appellent le geste juste, nécessaire et non gratuit. Un geste chargé d’une histoire indicible qui devient l’instant-même et dans un constat, parfois amer, offre une vision de l’homme dans sa complexité. Pionniers, chercheurs, guides, ambassadeurs, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche sont animés par une volonté et un désir d’être — avec les danseurs — passeurs d’une danse, pour éveiller la curiosité de tous et susciter un questionnement à l’égard de l’art vivant. Ensemble, ils développent de nombreuses collaborations avec des compagnies de par le monde, comme au Nigeria (pour Les Larmes des Dieux), au Chili avec la compagnie Compañía Movimiento (pour Los Ruegos), à Prague (pour Le Témoin), à Buenos Aires (pour La Consecuencia) et au Chili (pour Destellos Volcanicos).
En juin 2014, ils créent au musée Zadkine à Paris, Les Exilés, fusion du corps vivant et de la matière où les 8 danseurs invitent le public à tourner autour des œuvres, à les détailler, à en extraire la poésie.
2016 : Avec la sortie du CCN de Nantes, une nouvelle structuration en compagnie indépendante, un partenariat avec les Centres culturels municipaux de Limoges et leur univers en tête, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche, soutenus par l’association Sous La Peau, continuent leur cheminement.
Sous la peau titre poétique qui suggère le frisson, le nerf, le muscles, le sang qui coule, ce qui nous habite, ce qui nous hante, ce qui nous remplit, émotionnel ou vivant. Sous la peau le corps danse.
Leur première création Mutant montre ce changement profond qui s’opère, plein d’un passé inoubliable et porteur d’un futur fragile et chorégraphique. Avec le Ballet de Genève, ils créent un Carmina Burana accompagné des chœurs et de l’orchestre sous la baguette du chef Kazuki Yamada et habillé par On Aura Tout Vu.
A l’écoute de nos différences, Claude Brumachon emmènent avec lui neuf jeunes en situation de handicap pour La Croisée des routes à la Chapelle sur Erdre, juin 2016.
Missionné au Japon la même année il y crée une performance avec quatre patients atteints du syndrome de Down. Performance qui revient à Nantes en 2017 au cours du colloque Art-Soins et Citoyenneté.
Claude et Benjamin retournent au Chili pour la création de de la Tierra al viento, une œuvre hommage à Victor Jara avec la compagnie Espiral. En France — et notamment en Limousin nouvellement Nouvelle-Aquitaine où il s’installe dès septembre — ils initient de nombreux projets, dans les collèges et les écoles, en territoire rural, ou encore avec l’Apajh pour des jeunes en difficultés. Pendant que l’emblématique Folie continue sa lancée dans le corps des danseurs de tout horizon (Limoges, MPAA à Paris et Madagascar). La région leur accordera de fait son soutien dès 2018.
2017 : Avec le Jeune Ballet Européens ils créent L’Impact pour 10 jeunes danseurs et transmettent Les Indomptés aux jeunes de l’académie Princesse Grace-Monaco, à ceux de l’AID-Paris, au groupe Grenade-Aix et à deux interprètes du Ballet de Bordeaux. À Paris ils travaillent avec les étudiants du CRR et du pôle supérieur lors de passation d’extraits de leur répertoire Le Festin et Ashbury St.
A Madagascar ils transmettent la première partie de Folie à un groupe de danseurs et de danseuses qu’ils constituent, soutenue par l’IF Paris et Tananarive.
En novembre 17, ils créent La forêt traversée à la Ferme de Villefavard, un duo-trio, deux danseurs et un violoniste, spectacle jeune public co-produit par les JM France et soutenu par le CCN de Nantes et la Métairie des Arts
Initié en décembre 17 lors d’un accueil studio au CCN de la Rochelle-Kader Attou Further-l’Ailleurs sera créé en janvier 2018 pour le festival Danse Émoi à Limoges après une résidence au CCN de Biarritz-Thierry Malandain et Kader ATTOU. Le projet est soutenu par l’OARA.
En Région ils créent un temps fort de danse en milieu rural à la demande du Maire de Magnac-Laval (87) et avec le projet la Forêt Traversée initient les enfants de plusieurs villes et villages à la danse contemporaine aux cours d’ateliers et de représentations.
2018 : en mars C.Brumachon et B.Lamarche créent Pulsions, une création pour l’École supérieure d’Art dramatique de Paris puis s’envolent pour transmettre à nouveau Les Indomptés à huit danseurs du West Australian Ballet en Australie.
L’année est chargée de rencontres importantes qui débouchent toutes sur l’acte créatif, collectif et imaginatif. Á Limoges, La Grande Demeure en mai avec un groupe de jeunes d’un IME et trois danseuses de Sous la peau, et Le Kaleidoscope fabuleux avec les élèves d’une classe de 6ème et à Saint-Junien en mai Soleil de rue se concrétisera avec un groupe de 30 amateurs. Délire !
Enfin le mois d’aout les verra au Costa Rica pour la création de L’Exode.
En 2019, à l’invitation de l’Académie Princesse Grace à Monaco, ils écrivent pour les talentueux danseurs et danseuses, Les Horizons suspendus. Sous la peau et Le Groupe Beatus (chanteurs) créent sous la direction de Claude Brumachon Anachronos, allégorie médiévale de la condition féminine à travers les âges. Benjamin Lamarche transmet son solo mythique Icare à Cristian Hewiit, danseur chilien qui le tourne en France.
Arrive 2020 qui débute sous les meilleurs auspices avec l’école ACTs à Paris où ils créent L’Étrange rêve de Mademoiselle. Pour l’inauguration du festival ‘les Francophonies’ à Limoges le duo entraine 20 danseurs et danseuses amateur.e.s issus de milieux sociaux différents dans une création en extérieur qui brave la pandémie, Corps étranges. A l’invitation de l’Opéra de Limoges, ils s’embarquent dans une mise en scène d’un texte d’Olivier Py, Faust nocturne, qui allie danseurs, comédiens et chanteurs. Hélas, le deuxième confinement en interdit la diffusion, tout comme celle de Murmures ensanglantés, une déambulation créée pour le musée de la Résistance de Limoges.
Le premier trimestre de l’année 2021 verra des reports de 2020 de nouveaux annulés mais d’autres ont réussi à être dansés: l’Étrange rêve de mademoiselle, Icare, Tchahut Chaos, Les Poissons volants. La création Les Incandescents pour l’Area Jeune Ballet de Genève rencontre un vif succès et entame une tournée internationale.
L’Opéra national de Paris commande Les Indomptés qui entre officiellement au répertoire le 9 juillet sur la scène du Palais Garnier. L’emblématique Folie est remonté pour une tournée d’automne en France et La forêt traversée, Anachronos et Icare poursuivent leurs routes. Les créations Le Festin impromptu, Bellísima vida con tristeza y felicidad, Vertige ou le cirque des passions (Ballet Evgueni Panfilov-Perm) voient le jour.
En 2022, Poussière d’étoiles est créée avec des collégiens dont certains se sont découverts un véritable élan pour la danse. Comme chaque année, la transmission s’est étendue à de jeunes danseurs professionnels en devenir des Jeunes Ballets et des écoles supérieures, ainsi qu’à de jeunes danseurs en début de carrière par la transmission de Texane ou leur intégration dans les créations au sein de la compagnie: Le festin impromptu pour le musée national Adrien Dubouché à Limoges, Les Elucubrations de Toinette, une création pour les jardins sur l’univers de Molière. Le duo Les Indomptés est toujours beaucoup transmis. Carmina Burana, créé pour le Ballet de Genève a terminé sa longue tournée après 6 années de diffusion.
En 2023 l’année débute par la transmission du Témoin à la compagnie Espiral au Chili et la diffusion de Bellisima vida con tristeza y felicidad à Santiago du Chili et en France, puis se poursuit par la création de Une Passion dévoilée à Paris -une conférence dansée— qui reprend l’ensemble de leurs 40 ans de carrière. Faust de Gounod, est créé à l’Opéra de Limoges. Shine-les vents ailés, est créée pour et avec les danseurs du Jeune Ballet de Nouvelle Aquitaine- EBB Pau- et Claude et Benjamin poursuivent la transmission des Indomptés en Bulgarie, en Italie (Roberto Bollé) et au Portugal.
En 2024 – Ils remontent Folie en intégrale à Santiago du Chili pour la compagnie Espiral , la pièce emporte le vote public en ligne du public chilien, et Absence avec la Compagnie Movimiento, une pièce de 1997, un hommage à Pablo Neruda.
De retour en France les Indomptées passent au féminin pour la première fois avec les danseuses de (la)Horde Ballet National de Marseille.
Benjamin Lamarche a écrit :
1998-Humains, dites-vous ! Les lettres, éd. Joca Seria
2000-Carnet de bar, éd. du Ver Luisant
2007-Le Prince de Verre, éd. Bénévent
Il a été président de l’Association des Centres Chorégraphiques Nationaux de 2003 à 2007
Prix et récompenses
Claude Brumachon est décoré de la médaille de Commandeur des Arts et Lettres (2016).
Benjamin Lamarche est décoré de la médaille d’Officier des Arts et Lettres (2016).
Claude Brumachon – Benjamin Lamarche ont reçu la médaille de la ville de Nantes en 2015.
Claude Brumachon et Benjamin Lamarche ont reçu le prix spécial du syndicat de la critique Musique-Théâtre-Danse en 2023 pour l’ensemble de leur œuvre.
Concours international de Bagnolet-1984
Atterrissage de Corneille sur l’Autoroute du sud -1984
3ème prix du Jury
Prix du public
Concours international de Bagnolet-1988
Texane 1988 :
Prix de la Fondation Cointreau pour la création contemporaine
Le Prix Léonard de Vinci du Ministère des Affaires étrangères
Prix Bonnie Bird- du Choregraphy Fund -Laban Foundation – Londres
Prix des Jeunesses Musicales de France récompensant le meilleur compositeur (Christophe Zurfluh)
