Une danse en forme de conte : La légende de trois sans toit. Trois êtres unis pour rester humains. Trois âges au croisement des chemins, trois vagabonds. L’un jeune, innocent, maladroit, l’autre, âgé, passeur, le troisième musicien. Ils dansent. Se découvrir, tour à tour démonstratifs, sensibles, virevoltants, intenses. L’un danse l’énergie, le lâcher-prise, la générosité, l’autre la maîtrise et la lenteur, le troisième enchante le trio.
Je les vois, comme photographiés dans un moment précis sur leur route.
Une pièce de 45 minutes faite d’échanges, de virtuosité, de douceur parfois et d’écoute. Il faut pour cette pièce trois interprètes singuliers. Suspense et fulgurance, tel l’animal croisé sur le bord du chemin. Le violoniste, respire avec leurs doutes et leurs élans.
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L’immense forêt de nos mémoires mêlée à celle de nos imaginaires, la forêt de nos rêves et celles des légendes. Il s’y superpose celle des mythes et de l’histoire, les bois sacrés et les grandes forêts qui s’allient pour n’en faire qu’une. Grands domaines mystérieux ou l’aventure se cache derrière la majesté des troncs. Espace sans fin, ouvert sur le ciel au dessus du feuillage. Partout l’air, le vent. Vue du dessus la surface des arbres ressemble à la mer, une mer verte et calme. Tant de souffles de vie fourmillent sous ce toit de feuilles. Les brins d’herbe s’affolent, les branches frissonnent, la crête des vagues écume. D’une année sur l’autre rien ne change, et tout est différent.
C’est la forêt. Ils s’y dissimulent, ils camouflent leurs craintes en une fuite furtive et joyeuse. On épie, on furète dans les buissons. L’odeur dit tout, les épines côtoient les fleurs. C’est le monde sauvage, celui qui fascine. Si tout nous était accessible qui trouverait cela magnifique ?
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Animalité furtive qui du loup à la fourmi hante nos esprits ignorants. Animalité permanente qui nous ensorcèle. Sauvage pelage et peaux nues qui s’affrontent et se confrontent. La forêt se traverse comme un parcours de vie. Croisées des routes, jeu de lumières, images et sons se bousculent et intriguent.
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Il y a toujours un violon au coin d’une rue. Vagabond routard ; il fait la manche au fond des couloirs d’un métro grisâtre, il s’aventure dans la solitude des intervilles. J’aimerais que ce violoniste danse, en tout cas qu’il bouge, qu’il accompagne les danseurs dans leurs gestes. Donner à voir une époque qui ne soit ni aujourd’hui, ni hier, encore moins demain. Une époque qui se tisserait comme le tissu d’un temps passé et présent.
Le violon a une histoire. Et cette histoire se mèle à la route comme une Invitation au voyage.
Construire un trio à la musicalité chorégraphique.
La Forêt traversée est une coproduction JMFrance et a été rendu possible grâce à l’accueil-studio du CCN de Nantes-Ambra Senatore et une résidence d’artiste à la Métairie des Arts-Saint Pantaléon de l’Arche.