Esclarmonde – Athéna – L’Intranquille
L’Intranquille –
Un solo de Claude Brumachon pour lui-même. Assisté de Benjamin Lamarche comme toujours.
Tout se joue au moment même de la première répétition. Je n’ai eu qu’une seule vie et je me la suis inventée. Inventée chaque jour en gestes inconnus de tous et méconnus de moi. Je n’ai eu qu’un seul habit et je me le suis recrée chaque jour différent comme une peau en mue perpétuellement recommencée.
J’avais la rage d’être, je l’ai extirpée. Elle a criée en naissant.
J’avais la joie de vivre, on tentait de me l’interdire.
J’ai pris la danse à pleine vie, je l’ai offerte aux autres, elle m’a fait une vie.
Je suis intranquille, je suis bouillonnement bouillant, ébouillanté brûlant.
Ça fait peur. Pourtant la gentillesse est ma deuxième peau. Trop d’amour sans doute.
Alors il va être éminemment question de ne pas rester en place. Chaque chose ayant son contraire je me suis
forgé dans cet oxymore permanent d’une tendresse virulente, d’une hargne savoureuse.
Il y a de la couleur qui m’habille et me déshabille. Nul ne sait d’où je viens, je ne sais où je me rends. Mais j’y vais
sûrement, sombre et solaire. Écorché j’écorche les mots je mache les gestes je déchire l’espace je répare les
corps je retrace les vies, je demande elles me répondent. Je ne réclame pas.
Caché je me montre au noir du soir, à l’endroit on ne m’attend pas dans une sculpturale lenteur. Œuvre en permanence recherchée. L’esprit toujours en marche, le corps en spasme
Un solo de Claude Brumachon pour Valérie Soulard. Assisté de Benjamin Lamarche comme toujours.
Tout se jouera au moment même de la première répétition.
ATHÉNA
De la déesse je garde le solaire qui s’amuse de ces brusques orages qui déchirent le ciel. Du ciel j’aspire à l’élévation, mais mon rire tonitruant brise parfois cet élan qui revient sans cesse à la charge comme les vagues inexorablement se fracassent contre le roc.
Je suis la mer et l’océan, comme elle infatigable. Jamais on ne me prédit totalement. On dit me connaître, on croit m’amadouer, on pense me dompter. Mes rires tonitruants sont ma réponse. La sagesse s’impose les soirs de poésie quand perchée sur le rocher qui domine l’océan j’aspire à l’infini. Mais l’énergie déterminée guerrière et inspiratrice de destins inhabituels pour les hommes qui croient en moi me déborde dès les premiers rayons.
Je suis comme le funambule , sur un fil invisible, suspendu entre deux nuages chargés d’étincelles.
Je m’habille de blanc et de jaune, les dents jaunies par la fumée des feux de forêts, le visage lisse, le pied divin. La cambrure du dos dans lequel la tête se perd. Et mes yeux effilés qui soulignent un front qui se voit dans quelques pensées.
Rire toujours à tout prix. Au prix de ma vie d’immortelle. Rire immortel qui découvre mes dents sans faim.
La souplesse du chat rivalise dans mes cuisses avec la puissance des danses d’amour, des danses de jeunesses, des danses macabres, des jeux de rôles. Posée sur la Terre j’en récolte le tremblement. La danse guerre, la danse de fer, la danse des fauves, la danse solitaire dans laquelle sans cesse me rejoint un homme. Puis un autre. La poésie et l’aventure se disputent mon histoire.
Hiératique ! ce n’est ma faute si ma naissance m’a donné cette stature allongés, je n’ai qu’une arme, c’est mon corps. Je n’ai eu qu’un combat celui de survivre aux assauts du hasard. Déménage toujours pour revenir à la même place, je ne m’enfuis pas, je bouge, instable et tenace dans ma fidélité.
Dans l’attente, j’attends.
Dans une grande danse de bras je tisse la toile d’un destin qui n’en finit pas de renaitre.
ATHÉNA -scénographie
De l’eau rougie dans une gamelle de bronze.
Un masque parterre qui retient les visages que je n’oublie jamais
ESCLARMONDE
Un solo de Claude Brumachon pour Elisabetta Gareri. Assisté de Benjamin Lamarche. Tout s’est joué au moment même de la première répétition.
Je ne suis qu’une gamine qui n’a pas fini de grandir. Je ne suis qu’une jeune fille qui s’enfuit de sa jeunesse. Je suis une femme et je renferme en moi cette enfance éclatée entre pays, entre religions, entre parents, et désirs. Tragédie. Grande tragédienne vêtue de lin noir. Le gestes acérés et précis, le geste précis comme ma détermination à tenter ces envols répétitifs. Échecs annoncés auxquels je ne veux croire.
Emprisonnée sur terre, muselée dans la pierre, je sème l’amour, j’attends la tempête. Je me sens grosse d’un enfant qui appelle. Le corps torsion, le front inquiet, le sourire apaisant.
Opiniâtre spirale qui descend vers le sol en un rituel de prière. Je suis recouverte d’une robe noire, lourde. Le tissu plisse dans les rides de mon geste. Le tissu retient la chute réitérée.
Toujours revenir au départ. Et répéter pour redire la même éternelle chose. Obsession obsessionnelle. Je tourne dans un cercle sans début ni fin, je tourne et retourne la question de la détresse qui se lit dans les autres. Je suis l’infirmière, je suis l’apaisement, je suis l’attente inlassable. Bonheur caché dans l’espoir de recommencer chaque jour.
Paix et inquiétude permanence d’un conflit sous-jacent. La tragédie me caparaçonne. Je me déshabille sans honte dans la peur du plaire à l’effroi du déplaire.
Je brûlerai sur le bucher de Monségur. Flammes d’espoir et de déraison. Signe de l’amour et de la haine des hommes. Je serai réduite en cendres mais ma mémoire restera à jamais inscrite dans l’histoire.
ESCLARMONDE- scénographie
Trois petits objets de prière : une coupe, une boite et un petit banc noir.
Représentation(s)
Trois SolosSeptembre 2025-Festival Bien Fait ! Paris
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